sans nom

à C.

je connais une rivière dont le secret m’échappe
son eau glisse entre mes mains n’y laissant
que le sillon du silence
un murmure

elle a des pas doux comme si elle marchait
avec des souliers de pénombre
aucun pont
pas de passeur non plus
la traverser la nommer on ne le peut pas
son eau ne s’apprivoise pas

parfois une éclaircie
un abîme de soleil je crois même
toujours
(cette lumière est de toujours)
la transperce
insolemment

quand tes yeux sont dans mes yeux
cette rivière existe indépendamment
de son nom

poèmes

sans toi

à C.

le soleil s’est-il déjà levé
hors de ton sourire

quelle fleur a poussé
dans ma terre sans soleil
assoiffée

un monde sans toi
tiendrait dans un dé à coudre

poèmes

ce que la nuit te dira

à C.

je te dirai ici
ce que la nuit entre mes lèvres
n’a jamais su te dire

il y a des nuits qui s’apprivoisent
certaines étoiles portent même un prénom

laisse-moi apprivoiser ma nuit

je te dirai alors combien pèsent nos ombres
sont-elles légères ou lourdes
lorsque nous les portons toi avec moi

la nuit n’est peut-être qu’une enfant inquiète
qui cache la lumière
pour ne pas se brûler

pour toi je n’aurai pas peur de dire
ces mots si doux qu’on craint de les briser
quand ils sortent de nous
ni de dire ces mots
si enfouis qu’on craint de les réveiller
quand on ouvre le silence

pour toi je n’aurai pas peur de chanter
ni d’arracher la petite âme inquiète
qui s’accroche à ma bouche
par peur de tomber dans le vide
pour toi cette petite âme je l’abandonnerai
au silence
car je sais
qu’une fois qu’elle sera tombée de mes lèvres
elle s’envolera vers toi
comme le papillon trouve la lumière inévitablement

poèmes

aurore

à C.

ce que je sais de toi ce sont des fleurs d’ombre
le murmure du ruisseau qui coule dans tes veines
les neiges épanouies de ton sourire
car j’ai dévisagé l’angle mort de tes yeux
et c’est le bruit de la lumière que je vois dans cet angle mort
un bruit qui ressemble au sablier qui coule
entre les doigts de rose

ta bouche et l’abeille chaude qui danse autour de ta bouche
ont toujours le goût de

maintenant

aujourd’hui te porte dans ses poings ouverts

il y a dans chaque instant vécu avec toi
un cocon d’où la lumière s’apprête à s’envoler
pour vivre le ciel

poèmes
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