ton irréductible

dis-moi ton irréductible
peine

où tout expire
où tu abandonnes ton corps
les frondaisons de veines
mutiques
comme des peaux de vipère

où l’angle fou de ton œil
regarde

où il n’y a pas de mot
assez fort
pour décoller de l’épiderme
fragile
de ton corps

pour me faire comprendre
l’indicible grelot
qui tinte
tinte
dans tes allées et tentatives

sans retour

poèmes

fuite

perspective

ligne
fuite

la terre où tu marches encore
n’a jamais
refusé ma poussière

oublie ma matière

elle vit
parce qu’elle n’a pas pu encore s’arrêter
pour se reposer

la sueur est froide
sur son sein
de soie

elle me donne son baiser
mais le souffle
et le feu
n’y passent pas

poèmes

L’avaleuse d’oiseau

C’était un jour où l’ombre passait sur la maison.

Une enfant avala un oiseau.

Il se débattait dans son corps chaque jour.

Et elle, elle se tortillait, se cambrait, brisée, brûlée, folle et comme traversée par un mistral.

On dit d’elle : la bizarre, la lunatique, l’étrange, l’obscure, la possédée.

Un jour, elle se dit en elle-même : « Je leur dirai, je leur dirai. »

Elle ouvrit la bouche.

Et l’oiseau qui était libre, s’envola.

contes

dans une forêt

c’est dans une forêt

garde tes sous
ne me suis pas

une forêt très bleue
et noire
comme

quand

te retournes-tu
cherches-tu dans la muraille des
conifères

une issue
où prendre un peu d’air
encore

encore un peu

c’est dans une forêt

si sombre si sombre

qu’une larme
brillante
coule à peine sur ta joue
quand tu
espères un peu
encore un peu
sur ta joue fêlée
d’une petite étincelle
encore un peu un peu
comme

on devine sur la mousse odorante
la nuit qui monte

et monte

un pont
devant toi
il se cambre en sursaut
sur le lit
le lit où l’ombre est fraîche
de l’amoureuse
qui t’a quittée de l’amoureuse
d’hier
aux lèvres roses closes
hier encore

encore un peu

l’autre rive

des elfes gaies y dansent
des bizarres
des morceaux de l’arc-en-ciel
invisible
des mains froides comme

leurs yeux gibbeux
est-ce la joie
qui leur donne cette beauté
non
mais alors dis-tu
pourquoi sont-ils si beaux

iels dansent et leur cercle
se referme lentement lentement
iels te tendent la main
leurs chants pourtant s’éloignent
quand

le linge blanc coule
dans la rivière
où les lavandières
bercent
bercent

encore un peu

la lune n’est pas
tout à fait

prête

voici
le pavot les coquelicots
les digitales
les elfes parfument à demi-mot
ta face
avant le banquet
de terre de fruits très mûrs de boissons

douces

ne touche pas

les fleurs
et les jolis doigts de fée pourpres

leur sourire est fermé
quand il s’approche de tes yeux
il devient comme quand

et dans la nuit

passe

le cerf aux bois immenses

poèmes
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