une pâle rivière

une pâle
rivière

au bord au fond
des yeux l’hiver

on y voit la lumière

passer

je ne sais pas jusqu’où rose
et avril

espèrent

je suis si habituée
au noir

sous mes paupières

pourquoi aurais-je peur

je me demande ceci

dans la dernière goutte
la ligne salée de mes yeux
dans l’eau
avant de

disparaître

mais qui a déjà tenté
l’étrange lisière

je me demande ceci

combien de poussières

sur la petite goutte de rosée
de l’herbe
qu’on piétine
dense vie seconde regret
éclat d’un miroir
mélangé

la délicate et précieuse et précise
pressante
violence

d’être temps

un peu plus

d’être temps de vivre

une perle
une neige

une pâle
rivière

et le vent est léger
quand il porte nos soupirs

le vent n’a pas d’épaules

il ne peut pas souffrir

où est le camélia
si ton visage
ton visage si proche

se noie
pendant que je
pleure

quand l’irréfragable
commence
la couleur tente un voyage
c’est une errante
paraît-il

cueille au jardin mouillé

d’un regard

il y a
près de la mort

quelque chose qui rêve

poèmes

dégénérées

ne parais pas

hétéro éternell hétéra
cis
si c’était

si c’était rose comme le matin
après la soif

et le sexe
et
la nageoire
de l’aube
posée à demi
mot

sur ma peau

si c’était

si c’était possible

ne nous dis pas
nous les
dérangeantes

dégénérées

ne renverse
pas
nos rires
sur le point

le point
du jouir

c’était des frissons
de l’éther
des frelons

des femmes affamées
déterminées
quand nos paupières
effarouchées

fraîches

arrachaient un

jour deux jours demain

et le soleil

ne nous disparais pas

poèmes

des heures pour

des heures pour rire
des heures pour pleurer
des heures pour danser
des heures pour

et la nuit

la nuit dévore

toucher presque toucher
les rebords

j’ai tant aimé

ploie
les ombres les ombres
saule
ploie
les ombres les ombres
qui se penchent
comme un secret

tente
l’oblique
comme le vertige
au bord du

il est minuit passage

cela finira
par s’échapper
un petit poisson
qui mord
mord à

nage nu nage nu
age
le corps froid du dernier
soleil
dans la si étroite
rivière
la rivière qui fuit
entre les

pierres

j’ai tant
j’ai tant esperé

mais le temps ne se fuit que
lorsque

ou presque

l’onde
demande
à l’onde

à l’onde
demande

qui la contournera

la toute première
feuille d’automne

il n’y a pas de cimetière
où l’on enterre
la terre

la terre si fraîche et frêle
quand elle était
avril

j’ai tant aimé

j’étais presque
fragile

qui pleurera
qui pleurera
demande à la mort à la ronde
à la ronde
à la ronde des morts

qui pleurera
mes yeux de pierre

j’ai tant aimé

ronde ronde la nuit dans la rivière
pourrir

toucher ne jamais toucher

et remords

des heures pour

poèmes

ton irréductible

dis-moi ton irréductible
peine

où tout expire
où tu abandonnes ton corps
les frondaisons de veines
mutiques
comme des peaux de vipère

où l’angle fou de ton œil
regarde

où il n’y a pas de mot
assez fort
pour décoller de l’épiderme
fragile
de ton corps

pour me faire comprendre
l’indicible grelot
qui tinte
tinte
dans tes allées et tentatives

sans retour

poèmes
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