poèmes

si tremblement

ne laisse pas
leurs mots sur ton visage

tarée
bizarre
abrutie

ne laisse pas
leurs mots

ratée
déviante
contre-nature

hérétique

ne laisse pas leurs mots

parce qu’ils sont très froids
ils sont faits pour

ne pas entendre la pluie
ne pas entendre la peur
ne pas entendre la honte
ne pas entendre

que tu es si terriblement

si tremblement

relève la tête
il y a un ciel pour les gens qui

croient aux nuages
et même pour celleux

qui n’y croient pas

c’est vrai qu’un nuage ne se mange
ni ne se range
ni d’ange
mais comme c’est dan

danse et

dangereux
de regarder les nuages
quand on est une folle
qu’on veut
enfermer

trempe le pinceau invisible
de tes yeux

si pleins si pleins

ce qui est plein à en mourir

c’est ce qui n’existe pas
encore

poèmes

n’oublie pas le bleu

à mon frère

n’oublie pas le bleu

ne laisse jamais
les routes te dessiner

emprunte à l’océan
son œil
parce que son œil
ne finit pas

n’oublie pas le bleu

n’oublie pas
que le ciel des cœurs libres
est grand

à l’aube

chaque soleil
montant
a le vertige

n’oublie pas le bleu

la lumière est pirate
elle ouvre le monde

demain
danse
comme on ouvre une étoile

n’oublie pas le bleu

demain
demain immense

les murs ont peur de ton regard

n’oublie pas le bleu

après eux
vient toujours l’oiseau

poèmes

pour envier

dis-moi si la montagne
du haut de sa douleur
a le vertige

si sa nuque blanchie
par l’orage
se penche parfois
pour envier

son ombre
son ombre
toute étendue

sur l’herbe sauvage

poèmes

une pâle rivière

une pâle
rivière

au bord au fond
des yeux l’hiver

on y voit la lumière

passer

je ne sais pas jusqu’où rose
et avril

espèrent

je suis si habituée
au noir

sous mes paupières

pourquoi aurais-je peur

je me demande ceci

dans la dernière goutte
la ligne salée de mes yeux
dans l’eau
avant de

disparaître

mais qui a déjà tenté
l’étrange lisière

je me demande ceci

combien de poussières

sur la petite goutte de rosée
de l’herbe
qu’on piétine
dense vie seconde regret
éclat d’un miroir
mélangé

la délicate et précieuse et précise
pressante
violence

d’être temps

un peu plus

d’être temps de vivre

une perle
une neige

une pâle
rivière

et le vent est léger
quand il porte nos soupirs

le vent n’a pas d’épaules

il ne peut pas souffrir

où est le camélia
si ton visage
ton visage si proche

se noie
pendant que je
pleure

quand l’irréfragable
commence
la couleur tente un voyage
c’est une errante
paraît-il

cueille au jardin mouillé

d’un regard

il y a
près de la mort

quelque chose qui rêve

poèmes

dégénérées

ne parais pas

hétéro éternell hétéra
cis
si c’était

si c’était rose comme le matin
après la soif

et le sexe
et
la nageoire
de l’aube
posée à demi
mot

sur ma peau

si c’était

si c’était possible

ne nous dis pas
nous les
dérangeantes

dégénérées

ne renverse
pas
nos rires
sur le point

le point
du jouir

c’était des frissons
de l’éther
des frelons

des femmes affamées
déterminées
quand nos paupières
effarouchées

fraîches

arrachaient un

jour deux jours demain

et le soleil

ne nous disparais pas

poèmes
Retour en haut