À C.
Je connais une rivière dont le secret m’échappe ;
son eau glisse entre mes mains n’y laissant
que le sillon du silence,
un murmure.
Elle a des pas doux comme si elle marchait
avec des souliers de pénombre.
Aucun pont.
Pas de passeur non plus.
La traverser ? la nommer ? on ne le peut pas.
Son eau ne s’apprivoise pas.
Parfois, une éclaircie,
un abîme de soleil – je crois même
« toujours » :
cette lumière est de toujours –
la transperce,
insolemment.
Quand tes yeux sont dans mes yeux,
cette rivière existe indépendamment
de son nom.