À C.
Ce que je sais de toi ce sont des fleurs d’ombre,
le murmure du ruisseau qui coule dans tes veines,
les neiges éternelles de ton sourire,
peut-être aussi ton silence en tête à tête avec mon silence ;
car j’ai dévisagé l’angle mort de tes yeux
et c’est le bruit de la lumière que je vois dans cet angle mort,
un bruit qui ressemble au sablier qui coule
entre les doigts de rose des premières fois
– ta bouche et l’âme qui danse autour de ta bouche
ont toujours le goût de « maintenant. »
C’est parce que le printemps de tes yeux
ressemble à une main qui touche la neige pour la première fois,
et que tes yeux m’ont toujours dit « toujours »,
et que demain est aujourd’hui,
et qu’aujourd’hui porte dans ses poings ouverts les germes de jadis.
J’ai vu le soleil levant dans une toile d’araignée, couverte de rosée,
l’éternité d’un premier regard à jamais capturée
entre nos lèvres réunies.
Il y a dans chaque instant vécu avec toi
un cocon d’où la lumière s’apprête à s’envoler
pour vivre le ciel.