poèmes

printemps

la terre rumine
tous les mots qu’elle ne pourra jamais dire
ses fouillis d’entrailles
qui hurlent

peut-être a-t-elle cessé de parler
nos maîtres
ont marqué sur son front
un chiffre sans nom

regardez
regardez ma mort
notre mort
je veux que vous conversiez en tête à tête
avec votre boue

regardez

et demain le soleil se lèvera
hors de vos yeux morts

après l’être humain
la terre existera les autres animaux vivront
peut-être
les fleurs seront là aussi sans doute
pour se regarder les yeux clos
ouvrir leur cervelle de pétales
qui pense avec des grouillements
et des salves de mots
des salives sans bouche
que nous n’avons pas
entendues

il n’y aura plus de mot humain pour nommer
la terre sera sans écho
le lac ne reflètera plus le lac

printemps je ne te dirai plus
printemps

poèmes

perdu

dépouillons-nous
abandonnons nos pas à la croisée des routes
des fenêtres
ouvertes
soyons sorcierz
laissons-nous dans l’auberge et notre chemin sera amour
l’apocalypse ce sera quand tout le monde comprendra que le roi est vêtu
quand tout le monde aura honte de ses vêtements alors la lumière sourira dans nos baisers nus
il y aura des rires comme des colombes à en perdre le souffle
il y en aura jusqu’au bout du printemps et même plus loin et même après
nos corps seront des jardins des jardins ouverts et notre honte ce sera un jardin de roses sur nos joues
il y aura des hasards et des dés comme des rires jetés à en perdre la face
il y aura des dés à mille visages
il y aura des visages qui rient comme des ailes déployées
nous rirons
les rois s’enterreront de honte sous des montagnes de boue d’or peu importe
et ce qui est écrit ici tombera en poussière
nous verrons danser dans le soleil comme des poussières la foule des vivantz à en perdre le sens
nous serons sans terre sans patrie sans frontière
le ciel nous aura pris
nous aurons peut-être perdu

et pourtant

poèmes

j’écris lumière

je n’écris pas pour survivre
ni pour surexister
je n’écris
ni pour outrepasser mon existence
ni pour passer outre ma vie
traverser et renverser
voilà ce que fait un vers

et il remue encore
quand son corps est coupé

l’art est larvaire

il largue les amarres
vers quelque chose

je prends les chemins
des averses et de l’amour
des rages et des éclaircies
des travers et des vérités

le soleil dépasse la verrière
tout en y demeurant
chute immobile

mon esprit erre
dans l’esperrance
le silence est itinérance

j’écris lumière

poèmes

un cheveu

la haine disait
entre ma solitude et la tienne
il n’y a qu’un cheveu
un cheveu plus lourd que l’enfer

poèmes
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