printemps
la terre rumine
tous les mots qu’elle ne pourra jamais dire
ses fouillis d’entrailles
qui hurlent
peut-être a-t-elle cessé de parler
nos maîtres
ont marqué sur son front
un chiffre sans nom
regardez
regardez ma mort
notre mort
je veux que vous conversiez en tête à tête
avec votre boue
regardez
et demain le soleil se lèvera
hors de vos yeux morts
après l’être humain
la terre existera les autres animaux vivront
peut-être
les fleurs seront là aussi sans doute
pour se regarder les yeux clos
ouvrir leur cervelle de pétales
qui pense avec des grouillements
et des salves de mots
des salives sans bouche
que nous n’avons pas
entendues
il n’y aura plus de mot humain pour nommer
la terre sera sans écho
le lac ne reflètera plus le lac
printemps je ne te dirai plus
printemps