Perdu

Dépouillons-nous.
Abandonnons nos pas à la croisée des chemins.
Soyons sorcierz.
Laissons-nous dans l’auberge, et notre chemin sera amour.
L’apocalypse ce sera quand tout le monde comprendra que le roi est vêtu.
Quand tout le monde aura honte de ses vêtements, alors la lumière sourira dans nos paumes nues.
Il y aura des rires comme des colombes à en perdre le souffle.
Il y en aura jusqu’au bout du printemps, et même plus loin, et même après.
Nos corps seront des jardins, des jardins ouverts, et notre honte ce sera un jardin de roses sur nos joues.
Il y aura des hasards et des dés comme des rires jetés à en perdre la face.
Il y aura des dés à mille visages.
Il y aura des visages qui rient comme des ailes déployées.
Nous rirons.
Les rois s’enterreront de honte sous des montagnes de boue, d’or – peu importe.
Et ce qui est écrit ici tombera en poussière.
Nous verrons danser dans le soleil comme des poussières la foule des vivantz à en perdre le sens.
Nous serons sans terre, sans patrie, sans frontière.
Le ciel nous aura pris.
Et nous aurons peut-être perdu.

Détruisons-nous.
Aimons-nous les anes les autres comme on croise le fer.
Soyons croisaes.
Laissons l’autre sans toit, et notre toit sans amour.
L’apocalypse ce sera quand nous aurons arraché le dernier vêtement : le visage.
Sans vêtements dans la mort, et la boue pour jardin, et la poussière dansant dans la poussière.
Le vent passant rira de nous et nous n’aurons plus de dents pour sourire.
Nous lui mendierons un regard, mais il passera.
Le monde passera.
Les plus riches auront des os de cristal.
Et leur paradis sera d’or transparent comme la maison de Mars.
Et leur toit sera lourd.
La nuit se lèvera.
Les peuples ne se soulèveront plus.
La voile sera sans vent, sans voix et sans ciel.
Et la ville céleste sera peuplée du dernier des êtres humains.
Nous l’appelons « Dieu » aujourd’hui.
Demain, il n’y aura plus de bouche pour nommer.
Car celle que personne ne nomme se nomme Solitude.
Nous aurons vaincu la mer.
Nous aurons vaincu la terre.
Nous aurons conquis le ciel.
Et nous aurons perdu sans doute.

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