À L.
Saisirai-je un jour le tremblé de ton corps,
l’âme qui respire sous ta peau ?
La ligne de ta silhouette est profonde,
et ne définit rien :
c’est une ligne d’infini.
Elle s’échappe comme une rivière d’ombre,
un serpent de velours
entre mes mains ;
j’ai parfois rêvé
que je franchissais la ligne de ton corps
comme on traverse une frontière
sur la carte écorchée vive
de nos (notre) solitude(s).
Saurai-je que ton ventre a un visage ?
Pourrai-je creuser ton regard
jusqu’à sentir derrière son vitrail noir
le bruit du temple
où ton sang récite ses litanies ?
Tu es plus belle que les anges
— car les anges n’ont pas d’entrailles pour chanter.