À L.
Lorsque les astres ne seront plus que des toupies entre tes
mains,
lorsque le monde se sera renversé sous tes yeux,
lorsque tu auras plié chaque planète vivante, et le visage de
l’animal,
et le visage des arbres, et le visage des pierres froissées ;
lorsque tu auras possédé le souffle,
le hoquet rugueux de la vie ;
lorsque d’un regard tu auras joué tous les osselets,
jeté les dés,
retourné toutes les cartes de ma peau,
et déployé mes mille secrets ;
lorsque tu auras soumis le vide lui-même et son ventre dévoré
d’angoisse,
et le temps qui porte dans ses entrailles le cœur de plusieurs
dieux,
je saurai que l’amour
est comme la fin ou le début du monde.
(Hors de tes yeux,
l’oiseau n’existe pas.)