dans une forêt

c’est dans une forêt

garde tes sous
ne me suis pas

une forêt très bleue
et noire
comme

quand

te retournes-tu
cherches-tu dans la muraille des
conifères

une issue
où prendre un peu d’air
encore

encore un peu

c’est dans une forêt

si sombre si sombre

qu’une larme
brillante
coule à peine sur ta joue
quand tu
espères un peu
encore un peu
sur ta joue fêlée
d’une petite étincelle
encore un peu un peu
comme

on devine sur la mousse odorante
la nuit qui monte

et monte

un pont
devant toi
il se cambre en sursaut
sur le lit
le lit où l’ombre est fraîche
de l’amoureuse
qui t’a quittée de l’amoureuse
d’hier
aux lèvres roses closes
hier encore

encore un peu

l’autre rive

des elfes gaies y dansent
des bizarres
des morceaux de l’arc-en-ciel
invisible
des mains froides comme

leurs yeux gibbeux
est-ce la joie
qui leur donne cette beauté
non
mais alors dis-tu
pourquoi sont-ils si beaux

iels dansent et leur cercle
se referme lentement lentement
iels te tendent la main
leurs chants pourtant s’éloignent
quand

le linge blanc coule
dans la rivière
où les lavandières
bercent
bercent

encore un peu

la lune n’est pas
tout à fait

prête

voici
le pavot les coquelicots
les digitales
les elfes parfument à demi-mot
ta face
avant le banquet
de terre de fruits très mûrs de boissons

douces

ne touche pas

les fleurs
et les jolis doigts de fée pourpres

leur sourire est fermé
quand il s’approche de tes yeux
il devient comme quand

et dans la nuit

passe

le cerf aux bois immenses

poèmes

montre

montre
montre les blessures
à larmes
inégales

ne sois pas indifférente

si le soir pouvait ne pas oublier
que je souffre

si la mésange pouvait
ne pas chanter

a-t-elle oublié la nuit

que la nuit viendra

viendra toujours

rappelle-moi

ce sang qui hurle à mon cœur
comme un chien errant à la porte
il a faim de colère

mes sœurs

nous souffrons

notre corps est enserré
dans la corde sans fin

rappelle-toi

cette corde
ne porte aucun nom
et personne ne sait
qui l’a nouée

chaque jour
à pieds joints
je saute par-dessus l’enfer
et une flaque d’eau toujours
troublée
et ma semelle trouée
et ma faim
et mon corps agressé
et ma colère

par-dessus la corde
nouée

je quitte terre
je plonge sans rappel
dans l’eau froide
très froide

celle qui veut pardonner
à la lumière de mon premier jour

d’être née

celle qui
essaye de renaître

parfois

j’ai crié
j’ai

tenté

quelque chose qui ressemble
à la vie

à
la vie et à

mais les silhouettes se referment ce soir
ma maison
je l’ai refermée aussi

il fait nuit

personne
n’a entendu mon cri

je crois qu’il n’y aura pas de mésange
à la fenêtre
ni de chien

ni rien d’autre
que les longs murs

les murs longs et droits et

tranquilles

poèmes

transparence

devant moi
elle tombe
la voltigeuse l’araignée
l’étrange

elle tisse dans le tilleul
à travers le ciel
les larmes de la lumière

transparence
le temps y respire
et la couleur
n’y est qu’une étrangère

de passage

poèmes
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