des heures pour

des heures pour rire
des heures pour pleurer
des heures pour danser
des heures pour

et la nuit

la nuit dévore

toucher presque toucher
les rebords

j’ai tant aimé

ploie
les ombres les ombres
saule
ploie
les ombres les ombres
qui se penchent
comme un secret

tente
l’oblique
comme le vertige
au bord du

il est minuit passage

cela finira
par s’échapper
un petit poisson
qui mord
mord à

nage nu nage nu
age
le corps froid du dernier
soleil
dans la si étroite
rivière
la rivière qui fuit
entre les

pierres

j’ai tant
j’ai tant esperé

mais le temps ne se fuit que
lorsque

ou presque

l’onde
demande
à l’onde

à l’onde
demande

qui la contournera

la toute première
feuille d’automne

il n’y a pas de cimetière
où l’on enterre
la terre

la terre si fraîche et frêle
quand elle était
avril

j’ai tant aimé

j’étais presque
fragile

qui pleurera
qui pleurera
demande à la mort à la ronde
à la ronde
à la ronde des morts

qui pleurera
mes yeux de pierre

j’ai tant aimé

ronde ronde la nuit dans la rivière
pourrir

toucher ne jamais toucher

et remords

des heures pour

poèmes

ton irréductible

dis-moi ton irréductible
peine

où tout expire
où tu abandonnes ton corps
les frondaisons de veines
mutiques
comme des peaux de vipère

où l’angle fou de ton œil
regarde

où il n’y a pas de mot
assez fort
pour décoller de l’épiderme
fragile
de ton corps

pour me faire comprendre
l’indicible grelot
qui tinte
tinte
dans tes allées et tentatives

sans retour

poèmes

fuite

perspective

ligne
fuite

la terre où tu marches encore
n’a jamais
refusé ma poussière

oublie ma matière

elle vit
parce qu’elle n’a pas pu encore s’arrêter
pour se reposer

la sueur est froide
sur son sein
de soie

elle me donne son baiser
mais le souffle
et le feu
n’y passent pas

poèmes

L’avaleuse d’oiseau

C’était un jour où l’ombre passait sur la maison.

Une enfant avala un oiseau.

Il se débattait dans son corps chaque jour.

Et elle, elle se tortillait, se cambrait, brisée, brûlée, folle et comme traversée par un mistral.

On dit d’elle : la bizarre, la lunatique, l’étrange, l’obscure, la possédée.

Un jour, elle se dit en elle-même : « Je leur dirai, je leur dirai. »

Elle ouvrit la bouche.

Et l’oiseau qui était libre, s’envola.

contes
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