réponse

à L.

j’emporterai dans mon élan
les liens cachés qui ont attaché
ton ombre à mon corps
ton souffle à ma bouche
tes mots à ma poitrine

si un jour je parviens à m’évader
jusqu’aux portes sombres
ouvertes
jusqu’au ventre des cyprès
je dirai
pardonnez-moi car j’ai oublié de mourir
avant de venir jusqu’ici
on me répondra
comment cela se peut-il
et je dirai
c’est que j’ai aimé

poèmes

combien de fois tes yeux

à L.

combien de fois tes yeux ont-ils jailli la nuit
j’ai le cœur recouvert dévalé de soupirs
comme on court le pas lourd la pente des désirs
l’amour me suit m’habite et jamais ne m’enfuit

et jamais tu ne pleus ton prénom est sans pluie
tu ne pleus que parfois les cordes de ma lyre
les cordes de ta voix qui frissonne le rire
je suis en toi ensemble et je suis et tu suis

et nous sommes peut-être et tout le ciel s’envole
dans l’oiseau de tes yeux et jamais ma parole
ne sera ton reflet n’osera ton visage

peut-elle te parler comme on parle les anges
l’amour échappe en moi des paroles étranges
les mots dans ton printemps ont rené leur usage

poèmes

saisirai-je

à L.

saisirai-je un jour le tremblé de ton corps
la voix sombre qui respire sous ta peau
la ligne de ta silhouette est profonde
et ne définit rien
c’est une ligne d’infini
elle s’échappe comme une rivière d’ombre
un serpent de velours
entre mes mains
j’ai parfois rêvé
que je franchissais la ligne de ton corps
comme on traverse une frontière
sur la carte écorchée vive
de nos (notre) solitude(s)
saurai-je que ton ventre a un visage
pourrai-je creuser ton regard
jusqu’à sentir derrière son vitrail noir
le bruit du temple
où ton sang récite ses litanies
tu es plus belle que les anges
car les anges n’ont pas d’entrailles pour chanter

poèmes

lorsque

à L.

lorsque les astres ne seront plus que des toupies entre tes mains
lorsque le monde se sera renversé sous tes yeux
lorsque tu auras plié chaque planète vivante et le visage de l’animal
et le visage des arbres et le visage des pierres froissées
lorsque tu auras possédé le souffle
le soubresaut rugueux de la vie
lorsque d’un regard tu auras joué tous les osselets
jeté les dés
retourné toutes les cartes de ma peau
et déployé mes mille secrets
lorsque tu auras soumis le vide lui-même et son ventre dévoré
d’angoisse
et le temps qui porte dans ses entrailles le cœur de plusieurs
dieux
je saurai que l’amour
est comme la fin ou le début du monde

(hors de tes yeux
l’oiseau n’existe pas)

poèmes

le souvenir de ton parfum

à L.

le souvenir de ton parfum
le sillon invisible d’une barque fleurie
l’auréole que laisse le paradis perdu
derrière lui
le vacillement du ciel
la trace d’un visage dans la neige
les ruines d’une cathédrale de vapeur et d’encens
les ruines de la lumière elle-même
l’écho de ma vie antérieure
la rime évidente qui poursuit la rime précédente
le premier souffle de l’aurore
le hoquet de l’âme qui respire
après la nuit
les frissons de l’étonnement
la silhouette évaporée du cerisier
un fantôme au visage plus profond que la rose

poèmes
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