Beaucoup de choses ont glissé sur ma langue :
elle est maintenant nuage d’avril
trop-plein,
trop triste.
Silence ou même vertige.
Vertige de se trouver au bord du mot juste, de l’effondrement,
de la balançoire depuis trop longtemps abandonnée
sous le chêne rouillé,
d’un ricochet d’oiseaux vers l’inconnu.
Le ciel s’est fait enfant et m’a chuchoté :
« J’ai peur du vide moi aussi,
peur de tomber,
de m’égratigner,
des jeans troués,
de la boue,
des insectes dans l’écorce du chêne,
dans les plis, de la mort. »
Est-ce cela la vie ? Le nuage inatteignable
qui se déchire dans nos mains trop chaudes, trop tristes,
comme un pétale de cerisier ?
Quel est le plus difficile à porter :
le pétale de cerisier, le nuage ?
Moi je n’ai pas peur de toi nuage d’avril si tu es sincère,
si tu ne croises pas les doigts derrière le dos
quand tu dis : « Là, tout près de toi,
je vis. Et tout au loin,
je me promets. »
L’horizon, le désir de vivre,
c’est un abri qui se brise,
une petite maison de campagne qui s’effondre,
une promesse non-tenue,
un mur qui tombe,
une catastrophe.
Le nuage a toujours pris au sérieux les pierre, feuille, ciseaux.
Nuage, avril, ronces bleuâtres, magnolias
et rires d’enfants qui trichent encore un peu
sont peut-être plus sérieux que l’heure de ma mort.