Les coquelicots jamais cueillis

À L.

Je t’offrirai les coquelicots jamais cueillis,
et toute la lumière de Hollande,
que le pinceau tremblant des artistes n’a jamais su peindre ;
je t’offrirai la tulipe noire,
celle-là qui l’est entièrement et qui n’existe que dans les romans.
Je t’offrirai ce qu’aucune main humaine n’a jamais effleuré,
même en rêve. Je t’offrirai les coquelicots jamais cueillis,
et pour toi, je ferai la carte des nuages ;
et pour toi, je pèserai les perles invisibles ;
et par toi, aucune nature ne sera morte ;
et par toi, toute chair sera lumière ;
et pour toi, je lirai des lettres d’amour avec un air énigmatique ;
et pour toi, je balayerai chaque jour la petite maison de notre
amour
jusqu’à ce qu’elle brille comme un miroir,
une évidence,
une reconnaissance.
J’abandonnerai mes chaussures sur le seuil de la porte
pour que tu te souviennes de mon absence ;
je serai le silence des maisons du nord, le silence qui tremble et
qui vibre.
Le chat te regardera avec un œil de désir, d’inquiétude quand
comme une voleuse,
tu pénétreras dans mes rêves.

La Hollande m’a dit que le silence
ne commencera jamais à se taire.

Et pour toi, je bégayerai la lumière.

Retour en haut