À L.
Tout finit par passer : même le paradis est déjà tombé plus
d’une fois,
comme un petit enfant qui trébuche.
Jamais je ne pourrai saisir
les petits poissons fuyants de ton rire.
Pourtant, ton rire ne s’efface pas.
Ton rire ne passe pas.
Avec toi, je pourrais douter que la mort existe :
le temps est-il passé ? y a-t-il des horloges chez Dieu ?
Dis-moi, le bonheur a-t-il des mains pour compter ?
une bouche pour nommer ?
des pieds pour partir ?
Le temps ne vaincra pas ton souvenir,
l’éternité non plus.
Moi, je serai vaincue comme quand tombent au sol,
les graines du désir.