capitaine

autrefois
tu savais être presque idiot
ébruiter des miettes
des mouettes en papier
tendre la vague
un arc
un sursaut

les contours de ton pays
grouillaient
démangeaient
c’était des nefs
sans pilote
comme des sandales abandonnées
et elles voulaient
voler le monde

oh une question

as-tu cessé de rêver
capitaine

des voiliers immobiles
les voiles du départ
ne soupirent plus

virgules blanches

le vent est une sculpture
sans corps
dis-tu

et tu ne voyages plus
aucune île
aucune tempête
la mer ne descend plus
ne vit plus
c’est une robe toute grise
sans la silhouette qui frémit
en dessous
dis-tu

parce que respirer
c’est tomber
tomber sans corde
encore
dans le gouffre bleu
qui palpite
c’est
échouer

as-tu perdu le temps d’échouer

mais ta bouche s’est fermée et de ton silence
la réponse
a formé la forme

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