Nom de l’auteur/autrice :sykorax

Une parfaite entente

Il était une fois une jeune femme que son mari frappait. Un jour, elle fut si tourmentée qu’ane démonx s’approcha d’elle et dit : « Désormais, c’est moi qui te possède. » Et la jeune femme accepta.

A partir de ce jour, elle partit vivre avec lae démonx. Son amour fut heureux, bien que lae démonx eut des poils, des cornes de bouc sur la tête et des sabots fourchus.

Ol l’aimait d’un amour tendre.

Mais les mois s’écoulèrent, et les autorités du village la retrouvèrent. On l’accusa de sorcellerie, de coucher avec lae diable, et on voulut la brûler vive.

D’autres esprits, disait-on plus éclairés, déclarèrent qu’elle était folle et qu’il faudrait la faire enfermer.

Alors qu’on s’apprêtait à la capturer, la jeune femme demanda à saon démonx : « Démonx, démonx, que dois-je faire pour me libérer ? » Et lae démonx lui répondit : « Monte sur mon dos, et je t’emmènerai dans un endroit où nul homme n’a jamais mis les pieds. »

Aussitôt dit, aussitôt fait : elle se jucha sur les épaules de lae démonx, et cellui-ci galopa, galopa si bien qu’ol l’emmena bientôt jusqu’au bord du monde. Là, iels se construisirent une maison et décidèrent de vivre loin des yeux de toux.

Mais la jeune femme n’avait pas oublié les paroles qu’on lui avait dites. Elle se souvint qu’on avait dit d’elle : « Elle couche avec lae diable. » Peu à peu, elle eut honte de lae démonx et lae prit en haine.

Elle s’empara d’une corde et alors que lae démonx dormait, elle lae ligota et l’enferma dans une pièce obscure de la maison : « Désormais, c’est moi qui te possède », lui dit-elle.

Les années s’écoulèrent, et lae démonx qui était attachae ne cessait de pousser des cris affreux :

« Délivre-moi! Dépossède-moi ! » Mais rien à faire, plus lae démonx criait, plus la jeune femme resserrait la corde et tentait de lae museler. Mais lae démonx qui savait aussi parler du ventre, s’écriait de plus en plus fort : « Délivre-moi ! Dépossède-moi ! »

La jeune femme n’en avait que faire. Mais les cris étaient si déchirants que le soleil ne voulait plus paraître dans cette région du monde ; les arbres dépérissaient ; les fleurs se défaisaient, et la pluie cessait également de tomber.

Un jour, une vieille magicienne vint à passer par là, près de la petite maison, et lorsqu’elle entendit les cris épouvantables de lae démonx, elle eut des larmes de pitié pour ellui.

Elle se rendit auprès de la jeune femme et lui dit : « Quels sont ces cris ? » La jeune femme répondit : « C’est mon ventre qui me cause bien des misères. »

La magicienne répondit : « Je connais la vérité. — Grand-mère, je t’en supplie, ne me dénonce pas aux autorités ! »

Et la magicienne, qui était rusée, répondit : « C’est pourtant ce que je vais faire. Et la prochaine fois, ne m’appelle plus grand-mère ; car je n’en suis pas une. »

Alors, la jeune femme se mit dans une épouvantable colère, une telle colère qu’elle partit détacher lae démonx.

Et lae démonx sortit plus terrible et plus terrifiantx que jamais. Mais la magicienne avait décampé depuis bien longtemps.

Comme iels étaient seulz l’ane face à l’autre, la jeune femme dit à lae démonx : « Tu es puissantx, mais je ne me laisserai pas dominer ni posséder par toi », ce à quoi lae démonx répondit : « Toi aussi, tu es puissante, mais je refuserai ton autorité désormais. »

Et à partir de ce jour, ni la jeune femme ni lae démonx ne chercha à posséder l’autre : iels vécurent dans une parfaite entente.

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Le doigt de lae diable


Lae diable ne cessait de pointer le ciel du doigt pour s’en moquer. Ol le faisait tant qu’un jour, un être humain désespéré lae rencontrant sur son chemin, vit son doigt, suivit sa direction et aperçut le ciel.

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La femme qui portait lae diable

Un jour, une petite fille du nom de Fatiha rencontra une ombre sur son chemin. C’était ane ange déchux dont l’aile était abîmée. Ol dit à Fatiha : « Accepterais-tu de me porter sur tes épaules tout le long du chemin de ta vie pour me reconduire au ciel ? » Fatiha accepta.

L’ange était lourdx, car son corps de lumière s’était tout empoussiéré. L’ange pleurait chaque jour sur son épaule.

Les années s’écoulèrent. Fatiha devint une jeune fille, puis une adulte ; elle vieillit et son dos se courba tant le poids de l’ange déchux était difficile à soutenir.

Lorsqu’elle fut devant le ciel, elle s’écria : « Comment entrer dans le paradis ? Je suis chargée comme un chameau ! La porte est trop étroite. » Saint Pierre lui dit alors : « Débarrasse-toi de taon diable et tu pourras entrer. »

La vieille femme refusa : « Impossible ! Je lui ai promis de l’emmener à destination. »

Saint Pierre lui dit alors : « Coupe-toi les mains, les jambes et jette-les loin de toi, peut-être seras-tu alors assez petite pour passer. — Hors de question, dit Fatiha. Je m’aime trop pour faire cela. »

Tandis que saint Pierre désespérait pour la vieille femme, lae diable leva les bras et de toutes ses forces, ol écarta l’entrée du ciel si bien qu’elle devint tout à coup très large, immensément large : on aurait pu y faire passer toute l’humanité — et même ses pires démonz.

« Comment as-tu fait cela ? » demanda saint Pierre. Lae diable répondit : « Cette Fatiha qui m’a supportae toute sa vie m’a appris l’amour : je ne veux pas d’un paradis qui a une porte étroite. »

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L’ombre de Diex

Une vieille femme prenait plaisir à caresser son corps. Et quand elle le faisait, elle poussait de tels gémissements de plaisir qu’un jour, un homme venant à passer par là l’entendit crier et crut qu’elle était possédée.

Il conduisit la femme de force devant le prêtre : « Cette femme, je l’ai entendue, elle aboie comme une chienne et siffle comme une vipère ; elle est habitée, c’est certain. » Le prêtre ni une ni deux sortit son crucifix et récita de multiples prières. Mais chose miraculeuse, on vit ane énorme démonx sortir de l’homme qui avait emmené la vieille femme ; puis, un instant après, ce fut Satan ellui- même qui sortit du prêtre.

En sortant, lae diable dit à la vieille femme : « Pour avoir habité l’intérieur du prêtre, je le connais comme ma poche. Et je peux te dire que ce n’est pas joli joli, ce qu’il y a à l’intérieur de celui-là. Tous les fantasmes et troubles de l’esprit qu’il te reproche, il les a au centuple. — Et moi, je n’ai donc pas de démonz ? demanda la vieille femme. — Si, toi aussi, tu as tes démonz, rassure-toi. »

La vieille femme dit : « Si tu viens en moi, toi lae pire des démonz, alors je trouverai une grande lumière. »

Satan entra dans la vieille femme et celle-ci poussa un tel cri que les ailes des anges dans le paradis frémirent.

Ses yeux s’ouvrirent tout grand : elle vit lae diable. Et son visage s’illumina.

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Le roi, le serpent et la princesse

Un roi avait une fille. Il disait d’elle : « Je l’aime plus que tout », et il la comblait de cadeaux, il avait même fait construire pour elle un palais d’argent.

Or, une nuit, un serpent se présenta à la fenêtre de la chambre du roi : « Qui es-tu ? lui demanda le roi. – Ne te souviens-tu pas ? lui dit le serpent. Je suis ce que tu as laissé derrière toi. – Va-t-en, lui dit le roi. – Donne-moi la moitié de ton âme et je partirai. »

Le roi terrifié ouvrit ses entrailles et tendit la moitié de son âme toute fumante, après quoi il se rendormit.

Le lendemain matin, il roua sa fille de coups et la mit à la porte. Elle devint mendiante, vagabonde, misérable et une semaine s’écoula.

Au bout de ces sept jours, le roi la fit revenir et la couvrit de cadeaux et de douces paroles, et il lui offrit même un palais d’or.

Sept jours s’écoulèrent ainsi puis il la roua de nouveau de coups et la mit à la porte. La princesse erra dans les ruelles, pieds nus et la bouche assoiffée et sept jours s’écoulèrent.

Au bout de ces sept jours, le roi la fit venir encore une fois, même chose, et il lui offrit un palais en diamant.

La princesse pleura seule à la fenêtre de son palais de diamant : « Que faire ? se lamentait-elle. Dans sept jours, mon père me mettra à la porte et je devrai mendier mon pain dans les rues. »

Alors, à la fenêtre un serpent vint lui rendre visite : « Qui es-tu ? lui demanda la princesse. – Ne me connais-tu pas ? Je suis ce que tu voudras laisser derrière toi. – Va-t-en, lui dit la princesse. – Donne-moi la moitié de ton âme et je partirai – Hors de question. – Dans ce cas, tu devras me regarder les yeux dans les yeux. »

La jeune fille affronta le regard du serpent et ses yeux se pétrifièrent.

Le serpent glissa vers l’extérieur du palais en sifflotant : « Voilà ce qui arrive à qui se retourne derrière soi et à qui me regarde. »

Or, la princesse avec ses yeux de pierre ne pouvait plus rien voir.

Une journée s’écoula et le serpent revint : « Qui es-tu ? lui demanda la princesse. – Ne me connais-tu pas ? Je suis ce que tu voudras laisser derrière toi. – Va-t-en, lui dit la princesse. – Donne-moi la moitié de ton âme et je partirai. – Il n’en est pas question. – Dans ce cas, touche-moi. »

La princesse passa sa main autour du corps du serpent et sa main se pétrifia.

Le serpent rampa hors du palais en sifflotant : « Voilà ce qui arrive à qui se retourne derrière soi et à qui me touche. »

Une journée s’écoula et le serpent encore une fois revint : « Qui es-tu ? lui demanda la princesse. – Ne me connais-tu pas ? Je suis ce que tu voudras laisser derrière toi. – Va-t-en. – Donne-moi la moitié de ton âme et je partirai. – Plutôt mourir. – Dans ce cas, réchauffe-moi avec ton cœur. »

La princesse prit le serpent et le mit contre son cœur et alors plutôt que de devenir de pierre, son cœur devint une fleur de millepertuis, jaune comme le soleil ; elle le sentit vibrer de nouveau ; puis sa main devint de chair et ses yeux pleurèrent.

Et le serpent glissa par la fenêtre sifflotant : « Voilà ce qui arrive à qui se regarde ellui-même et à qui me fait une place dans son cœur. »

La princesse quitta son palais de diamant, cracha au visage de son père une fois, deux fois, trois fois et partit sans se retourner vers un autre pays.

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