à C.
si le temps a filé entre mes doigts
n’y laissant plus qu’un cordon
d’eau amère
j’ai vu dans tes yeux une graine de lumière
qui semblait dire au temps une promesse
qu’était-ce était-ce
une graine
était-ce le printemps de bois vert
était-ce la cathédrale horizontale d’une rivière
alors la rivière s’échappe de tes yeux
c’est la rivière qui joue
entre les pierres et ferait pleurer jusqu’aux cœurs
les plus arides
c’est le printemps qui sourit au bord des cerisiers
c’est peut-être la graine qui dit au temps
je te promets quelque chose
quelque chose
que tu n’as jamais vu
crois-moi dans ma gangue
et ma langue
et ma chair
il y a des branches pour embrasser le ciel
pour fleurir comme mille oiseaux
elle me dit à moi
je n’ai jamais aimé autre chose que dormir
au centre des yeux de l’amour
un jour je me réveillerai et nous serons
ces phénix d’eau fraîche qui ne connaissent
que les lendemains et les aujourd’hui
devant le sillon de cendres
qui précède toute aurore
voilà ce que me dit la petite graine qui dort
dans tes yeux comme dans l’humus aérien
d’une grâce humainement
autre
est-ce une graine
est-ce le printemps de bois vert
ou bien la colonne couchée d’une rivière
ton regard ne dort plus depuis qu’il est là
dans le mien