Un pauvre homme était tombé enceint ; il avait rencontré ane ange sur son chemin, iels s’étaient vus, iels s’étaient aimaes, et iels étaient tombaes dans le fossé.
Lorsque l’enfant vint au monde, on lui donna le nom étrange d’« Oiseau-allant-et-venant-comme- le-vent », et on lui découvrit sept étoiles sur le front et sept verrues sur le menton.
Lorsque l’enfant grandit, son front ne cessa de s’embellir et son menton de s’enlaidir.
Les années s’écoulèrent. Un jour Oiseau-allant-et-venant-comme-le-vent dit à son père : « Je vais partir découvrir le monde ; donne-moi un cheval qui boite, du vin de la messe de Pâques, une pièce de cuivre, de l’huile et la clef de la porte qui se trouve au bout de la terre. »
Son père lui donna tout ce qu’il avait demandé (car il se trouvait qu’il possédait ces choses), et l’enfant partit sur les routes. Avec son cheval, il atteignit après plusieurs années la porte du bout du monde.
Ane diable la gardait qui dit à Oiseau-allant-et-venant-comme-le-vent : « Toi qui es si laid et si beau, n’as-tu pas peur des corbeaux et des rossignols ? » Aussitôt, l’adolescent lui donna un peu du vin de la messe de Pâques, et lae diable s’endormit comme ane petitx ange.
Ane ange aussi gardait la porte qui dit à Oiseau-allant-et-venant-comme-le-vent : « Toi qui es si laid et si beau, n’as-tu pas peur des corbeaux et des rossignols ? » Aussitôt, l’adolescent lui donna le reste du vin de la messe de Pâques, et l’ange devint ivre comme ane diable.
Arrivé devant la porte, Oiseau-allant-et-venant-comme-le-vent sortit l’huile de sa poche et en graissa les gonds ; puis, il prit la clef que son père lui avait donnée et la mit dans la serrure.
Quand la porte s’ouvrit, l’adolescent vit au-dessus de lui le paradis, et en dessous l’enfer. Il ne sut pas quelle destination choisir, il sortit donc la pièce de cuivre de sa poche et décida que selon la face sur laquelle la pièce tomberait, il irait en enfer ou au paradis.
Il jeta la pièce en l’air.
Or, au moment où la pièce s’apprêtait à atterrir, un rossignol vint à passer qui l’avala ; puis ce fut un corbeau qui avala le rossignol ; puis ane ange passa qui avala le corbeau ; puis ane diable passa qui avala l’ange ; puis sans le faire exprès, Oiseau-allant-et-venant-comme-le-vent avala lae diable qui avait avalé l’ange qui avait avalé le corbeau qui avait avalé le rossignol qui avait avalé la pièce de cuivre.
Oiseau-allant-et-venant-comme-le-vent pleura un bon moment, puis fit demi-tour vers le monde des humanes.
Sur le chemin, il chantait d’une voix claire :
J’ai en moi la pièce de cuivre,
celle qui dit le chemin à suivre,
mais pour une raison que j’ignore,
je préfère la cacher encore.
Et le conte dit aussi que si un jour tu croises le chemin d’Oiseau-allant-et-venant-comme-le-vent, ou si tu entends son histoire, ce jour-là, tu seras libre.
C’est la pure et simple vérité, celle qui brûle, celle qui mord, et le conte s’arrête ici pour celleux qui ne veulent pas en entendre plus comme pour celleux qui veulent en entendre encore.