Un vieil homme qui avait beaucoup étudié marchait sur un chemin de poussières dans la brume. Il marchait, marchait et son pas était lourd et son front était grave.
Où allait-il ? Le conte ne le dit pas, mais il arriva bientôt à un carrefour. Une vieille sorcière vint vers lui et lui dit : « Seulx cellui qui sait toutes choses peut passer ce carrefour. » Le vieillard répondit : « Je sais tout. »
La sorcière lui demanda : « Qu’est-ce que la vie ? » Le vieil homme répondit : « C’est une épine de rose plantée dans notre talon et qui nous empêche de dormir d’un sommeil divin. »
La sorcière se dissipa dans un brouillard et le vieillard continua son chemin. Sept jours passèrent et il se trouva bientôt à un autre carrefour.
C’est alors qu’une sorcière encore plus vieille que la précédente s’approcha de lui et dit : « Seulx cellui qui sait toutes choses peut passer ce carrefour. » Le vieil homme répondit : « Je sais tout. »
La sorcière lui demanda : « Qu’est-ce que la mort ? » Le vieil homme répondit : « C’est une rose qui se fane avant d’avoir été aimée. »
La sorcière disparut emportée par la nuit. Le vieillard reprit son chemin et sept jours s’écoulèrent.
Au terme de ces sept jours, le vieil homme se trouva bientôt à un autre carrefour tout couvert de brouillard. Il entendit bientôt un pas derrière lui.
C’était une enfant.
L’enfant s’approcha de lui et dit : « Seulx cellui qui ne sait rien peut passer ce carrefour. » Le vieil homme dit : « Moi qui sais tout, comment pourrai-je passer ? » L’enfant répondit : « Voyons si tu peux répondre ou non à ma question. – Essaye toujours. »
L’enfant dit alors : « Qu’est-ce qu’une rose ? »
Le vieillard s’effondra les yeux remplis de larmes : « Je n’en sais rien, dit-il. Mes livres ne me l’ont pas appris. »
Le ciel au loin se fit lumière et l’enfant disparut pour laisser passer l’homme ; on ne l’a plus revu depuis.