Il était une fois une divinité toute entière faite de sable. Tout son corps était si fragile que le moindre murmure du vent menaçait de le briser. Un jour, ce qui devait arriver arriva : une bourrasque plus forte que les autres se leva et la divinité de sable fut dispersée, émiettée ; les autres déesses, diez et dieux pleurèrent mais il était trop tard…
L’un des grains de sable, minuscule — c’était un morceau de l’âme de la divinité — fut avalé par un oiseau. L’âme de la divinité entra dans l’oiseau et parcourut les ciels les plus élevés. Et lorsque l’oiseau fienta, l’âme de la divinité était dans les excréments de l’oiseau ; elle parcourut les torrents de boue les plus sales.
Et cette âme qui avait logé dans le ciel et dans la merde un jour se glissa entre les orteils d’une petite fille. La petite fille l’emporta jusque chez elle, le pas plus lourd que d’habitude.
Le soir, elle éprouva de la tristesse, son premier vrai chagrin. Elle dit à ses parentz : « Qu’est-ce qu’il y a après la mort ? » Elle n’eut pas de réponse convaincante.
Pendant la nuit, la petite fille s’agita tant dans son sommeil que la petite poussière d’âme glissa sous sa peau et remonta dans son sang jusqu’à se loger dans son cœur.
Elle garda cette poussière, ce point noir, ce grain de nuit en elle. A la question « Qu’est-ce qu’il y a après la mort ? », personne n’avait jamais su répondre.
Les années passèrent. La petite fille devint adulte ; et d’adulte, elle devint vieille femme.
Le grain de sable frottait, frottait le cœur de la vieille femme : on disait qu’elle avait un souffle au cœur. Toute sa vie, il était resté là, comme une amertume.
Et il frotta, frotta tant le cœur de la vieille femme qu’un jour, il devint une petite perle.
La vieille femme sentit tout à coup une aurore se lever dans sa poitrine, une lumière de nacre. Ses yeux s’écarquillèrent, elle mourut.
On raconte que la Mort porte un collier de perles, un grand collier de perles, un collier de perles infini ; car chaque dernier instant d’ane mourantx est semblable à une perle de nacre. Ce collier de perles, ce sont les constellations et les étoiles du ciel.
Ce sont peut-être aussi les larmes qui coulent des yeux de celleux qui restent ; les perles se défont une par une, il y a autant de perles dans nos yeux que de mortz derrière notre regard.