Coquelicots, neige, nuages

Quand vint la saison des coquelicots, Aki en cueillit un et le mit dans ses cheveux, entre l’oreille et le visage.

Il s’en revint au village. On se moqua de lui : « Tu fais comme les filles. Les hommes, ça ne porte pas de fleurs à la tête. — Bien tristes sont les têtes qui ne portent pas de fleurs », répondit Aki.

Et le coquelicot fana. Aki repartit dans les champs pour en cueillir un autre. Mais de nouveau, le coquelicot fana.

Il se désespéra.

La saison des coquelicots passa.

Et lorsque l’hiver vint, Aki voulut construire une maison de neige. Il s’y attela, la maison fut construite.

Le soleil vint, la neige fondit. Et la saison des neiges passa.

Au printemps, ce furent les giboulées. Aki regardait les nuages mais les nuages fuyaient. Les giboulées cessèrent et le printemps passa.

Aki devenu vieux et malade interrogea l’ancienne du village avant de mourir : « Quel était ce coquelicot que j’avais à la tête ? — Le coquelicot que tu avais à la tête, répondit l’ancienne, c’était ton esprit. — Quelle était la maison de neige dans laquelle je voulais m’abriter ? — La maison de neige dans laquelle tu voulais t’abriter, c’était ton corps. — Quel était le nuage que je regardais dans le ciel et que j’aimais plus que tout ? — C’était ta vie. »

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