Lors de la nuit d’avant la nuit, les animaux se réunirent ; et l’humane était parmi eux. Iels dirent :
« Faisons un banquet, nous raconterons comment lae bonx Diex nous a créés pour passer le temps. »
Le roitelet commença : « Lae bonx Diex a trempé son pinceau dans les étoiles et sur ma tête… » L’humane l’interrompit : « Lae bonx Diex pour moi aussi a trempé son pinceau dans les étoiles et a mis son or dans ma tête : voilà pourquoi je suis monarque de toute la création. »
Le roitelet déçu ne voulut plus parler.
Ce fut au tour du crocodile : « Lae bonx Diex a pris au pis des nuages la pluie et dans mes yeux… » L’humane l’interrompit : « Lae bonx Diex pour moi aussi a pris au pis des nuages la pluie et dans mes yeux, iel a mis des larmes : voilà pourquoi je suis si aimantx et pleinx de compassion envers les animaux. »
Le crocodile déçu ne voulut plus parler.
Ce fut au tour de l’abeille : « Lae bonx Diex a pris aux rayons du soleil et dans ma bouche… » L’humane l’interrompit : « Lae bonx Diex lui a aussi a pris aux rayons du soleil et dans ma bouche iel a mis des paroles de miel et de lumière : voilà pourquoi je parle mieux que vous autres les bêtes. »
L’abeille déçue ne voulut plus parler.
Et ainsi se passèrent toutes les festivités. Quand l’humane partit du banquet, les animaux se concertèrent : « Puisque l’humane ne nous écoute pas, inventons notre langue ; iel ne la comprendra pas ! »
Et depuis ce jour, on dit que l’être humain ne connaît plus le langage des bêtes, lui qui n’écoutait rien à rien : cela s’est passé ainsi, et pas autrement.