Une vieille coutume ordonnait que chaque jeune femme, chaque jeune lumme et chaque jeune homme du village saute par-dessus un précipice, un immense précipice avant d’être considéré comme ane adulte à part entière.
Hawa ayant atteint l’âge de ses seize ans, se rendit près du précipice. Elle sauta, elle tomba. Comment tomba-t-elle ? il y avait sur le bord du précipice une racine : peut-être avait-elle trébuché dessus. Il y avait un oiseau dans le ciel à ce moment-là : peut-être l’avait-elle regardé et avait-elle été distraite. Il y avait de la pluie ce jour-là : peut-être avait-elle glissé au moment de sauter.
Au fond du précipice, Hawa vivait encore. Elle pria Diex pour qu’al la fasse remonter, mais elle comprit bientôt qu’il était inutile de prier pour avoir la vie sauve : « Si Diex ne me donne pas la vie sauve, dit-elle, je la lui arracherai des mains. »
Alors, elle escalada le précipice. Quand elle fut presque en haut du précipice, elle rencontra la Mort qui lui tendait la main.
La Mort lui dit : « Ta seule chance d’arriver en haut du précipice, c’est d’accepter de prendre ma main. »
Hawa hésita quelques instants, puis lâchant une de ses prises, elle tendit sa main à la Mort. Et la Mort la remonta.
Quand Hawa fut saine et sauve, elle rentra au village. Elle eut droit au mépris de toux, personne ne savait qu’elle avait arraché sa vie des mains de Diex et tenu la main de la Mort, tout cela dans la même journée.