beaucoup de choses ont glissé sur ma langue
elle est maintenant nuage d’avril
trop-plein
trop triste
silence ou même vertige
vertige de se trouver au bord du mot juste de l’effondrement
de la balançoire depuis trop longtemps abandonnée
sous le chêne rouillé
d’un ricochet d’oiseaux vers l’inconnu
le ciel s’est fait enfant et m’a chuchoté
j’ai peur du vide moi aussi
peur de tomber
de m’égratigner
des jeans troués
de la boue
des insectes dans l’écorce du chêne
dans les plis
de la mort
est-ce cela la vie
le nuage inatteignable
qui se déchire dans nos mains trop chaudes trop tristes
comme un pétale de cerisier
quel est le plus difficile à porter
le pétale de cerisier le nuage
notre corps encore presque chaud
c’est un abri qui se brise
une petite maison de campagne qui s’effondre
une promesse non-tenue
un mur qui tombe
une catastrophe
nuage avril ronces bleuâtres magnolias
et rires d’enfants qui trichent encore un peu
sont peut-être plus sérieux que l’heure de mort