c’est toi

mon enfant

je porte le manteau glacé
le soir
toi tu as les épaules nues

mais je te continue
quand tu marches sous les cyprès le soir
dont la courbe profonde ne finit
plus

ma matière
est-elle une pierre qui refroidit
une enveloppe
un muscle

ou encore

ou encore

c’est toi
m’a dit la mort

elle m’a vêtue
mais la capuche blanche
tombe sur mon œil gauche

l’autre œil est un veilleur
un jouisseur
il clignote
fixe
comme une aile de moucheron
qui ne peut pas partir

c’est toi

l’araignée

elle a tissé les ossements de l’air
impalpable
c’est un lac un cimetière
un dessin très doux comme une rose
dépourvue de couleur

mais je n’ai pas pu y boire
sans douleur

c’est toi

la carcasse fine du gel
qui s’accroche
persiste
essaye
une forme
pour ne pas que la lueur
là-bas
celle qui commence à nous fondre
le corps
oublie

ma matière
est-elle une pierre qui refroidit
une enveloppe
un muscle

ou bien une ligne

ou même une perspective

ou même quelque chose comme
une fuite

c’est toi

ai-je dit

je l’ai dit quand tu as regardé
droit dans les yeux
mon corps
sous la poussière

l’allée vide bordée de murs
trop hauts

la poche noire là-bas
nulle part

mon enfant

je porte le manteau glacé
le soir
toi tu as les épaules nues

mais je te continue
quand tu marches sous les cyprès le soir
dont la courbe profonde ne finit
plus

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