À L.
Avril, minuit, demain :
tu es plus belle que tous les visages du temps.
Il m’est arrivé de voir avril.
Il m’est arrivé de te voir aussi.
Il y avait sur ta bouche les fleurs coupées du silence.
Il y avait dans tes yeux un bouquet d’étoiles parfumées,
et je crois qu’avril est aussi clair que ton visage, une fois les
oiseaux de ton rire
revenus.
Ton rire se pose sur tes lèvres
et y ferme ses ailes comme un secret.
Il m’est arrivé de voir minuit.
Il m’est arrivé de te voir aussi.
Tes paupières sont les glaives qui tranchent la lumière,
et les ciels obscurs qui dorment dans tes yeux.
Tes paupières sont les couperets de velours qui cachent l’aurore
noire
de ton regard.
Il m’est arrivé de voir demain.
Il m’est arrivé de te voir aussi.
Tu es l’espérance de ce que le jour n’est pas encore.
Tu es l’espérance de ce que la nuit a cessé d’être.
J’ai vu les lacets du temps défaits
depuis que je t’ai entendue.
Quand je suis avec toi, j’entends l’éternité des anges et ses
sabliers de plumes
chavirer.
Avril, minuit, demain :
tu es plus belle que tous les visages du temps.