Une jeune femme du nom d’Aya disait : « Je veux voir Diex. »
Elle se rendit auprès d’une sainte femme et lui dit : « Je cherche Diex. » La sainte femme lui répondit : « Diex est partout où tu ne lae cherches pas. »
Aya chercha, chercha pendant des années.
Un jour, elle se rendit dans une auberge et rencontra un homme qui vendait ses services pour donner du plaisir. Elle le paya et s’en fut dans une chambre avec lui. Elle passa du bon temps avec lui, puis vint le moment où la prestation se termina. L’homme lui tourna le dos pour se rhabiller. Quand elle vit ce dos, Aya soupira. Elle le regarda encore longtemps.
L’homme se retourna alors : il avait un visage de lumière noire. Aya s’écria : « Mais c’est ellui, c’est Diex ! » L’homme ne répondit pas et sortit de la chambre.
Aya demeura seule.
Lorsqu’elle rentra chez elle, elle donna tout son bien aux plus pauvres sans rien garder pour elle. Elle se rendit près de la sainte femme qui lui avait indiqué où était Diex et lui dit : « J’ai trouvé Diex : al vendait l’extase contre des aumônes. » La sainte femme éclata de rire et dit : « Non, tu n’as pas trouvé Diex. »
Aya pleura à chaudes larmes. Elle chercha, chercha encore des années. Elle se rendit un jour dans une auberge et rencontra une femme qui vendait ses services pour donner du plaisir. Aya demanda à ce qu’on la violente, à ce qu’on la fouette et à ce qu’on l’insulte pendant l’acte sexuel.
Lorsque la femme qui vendait du plaisir se rhabilla, Aya vit que son pied était noir et illuminé. Elle s’écria : « Mais c’est ellui, c’est Diex ! » La femme ne répondit pas et sortit de la chambre.
Encore une fois, Aya resta seule.
Lorsqu’elle rentra chez elle, elle décida d’éprouver mille douleurs : elle s’infligea des jeûnes, des pénitences, des veilles sans fin. Puis, elle se rendit chez la sainte femme et lui dit : « J’ai trouvé Diex : al m’a causé bien des souffrances. » La sainte femme éclata de rire encore une fois et lui dit :
« Non, tu n’as pas trouvé Diex. »
Aya se désespéra presque. Elle chercha, chercha encore des années. Il arriva encore une fois qu’elle se rendit dans une auberge. Elle rencontra alors deux lummes qui vendaient leurs services pour donner du plaisir. Elle les paya toux deux et iels s’en furent dans une chambre reculée de l’auberge.
Elle dit alors : « Laissez-moi vous regarder faire l’amour. Moi, je demeurerai dans un coin et je ne ferai pas de bruit. »
Lorsqu’iels eurent terminé, au moment de se rhabiller, Aya les regarda et vit que leur dos était noir et illuminé. Elle s’écria alors : « Mais ce sont elleux, ce sont elleux Diex ! »
Lorsqu’elle rentra chez elle, elle décida de s’humilier et de corriger toutes ses marques d’orgueil. Elle dormit dans la poussière et se fit semblable aux bêtes. Elle s’oublia elle-même et lorsqu’elle eut fait tout cela, elle retourna voir la sainte femme : « J’ai trouvé Diex : al m’a dit de m’oublier moi- même. » La sainte femme éclata de rire une nouvelle fois et lui dit : « Non, tu n’as pas trouvé Diex. »
La femme lui répondit : « Mais alors, toutes ces années de recherche écoulées pour rien ! Comment lae trouverai-je un jour ? » La sainte femme lui dit : « As-tu passé de bons moments dans les trois auberges ? — Oui. — Et avant l’acte, qu’éprouvais-tu ? — Un désir incommensurable.— Et après l’acte, qu’éprouvais-tu ? — Je me sentais vide et comblée à la fois. »
Alors, la sainte femme dit : « Va en paix, je crois bien que c’est Diex que tu as vu dans les trois auberges. »