Il était une fois une jeune femme que son mari frappait. Un jour, elle fut si tourmentée qu’ane démonx s’approcha d’elle et dit : « Désormais, c’est moi qui te possède. » Et la jeune femme accepta.
A partir de ce jour, elle partit vivre avec lae démonx. Son amour fut heureux, bien que lae démonx eut des poils, des cornes de bouc sur la tête et des sabots fourchus.
Ol l’aimait d’un amour tendre.
Mais les mois s’écoulèrent, et les autorités du village la retrouvèrent. On l’accusa de sorcellerie, de coucher avec lae diable, et on voulut la brûler vive.
D’autres esprits, disait-on plus éclairés, déclarèrent qu’elle était folle et qu’il faudrait la faire enfermer.
Alors qu’on s’apprêtait à la capturer, la jeune femme demanda à saon démonx : « Démonx, démonx, que dois-je faire pour me libérer ? » Et lae démonx lui répondit : « Monte sur mon dos, et je t’emmènerai dans un endroit où nul homme n’a jamais mis les pieds. »
Aussitôt dit, aussitôt fait : elle se jucha sur les épaules de lae démonx, et cellui-ci galopa, galopa si bien qu’ol l’emmena bientôt jusqu’au bord du monde. Là, iels se construisirent une maison et décidèrent de vivre loin des yeux de toux.
Mais la jeune femme n’avait pas oublié les paroles qu’on lui avait dites. Elle se souvint qu’on avait dit d’elle : « Elle couche avec lae diable. » Peu à peu, elle eut honte de lae démonx et lae prit en haine.
Elle s’empara d’une corde et alors que lae démonx dormait, elle lae ligota et l’enferma dans une pièce obscure de la maison : « Désormais, c’est moi qui te possède », lui dit-elle.
Les années s’écoulèrent, et lae démonx qui était attachae ne cessait de pousser des cris affreux :
« Délivre-moi! Dépossède-moi ! » Mais rien à faire, plus lae démonx criait, plus la jeune femme resserrait la corde et tentait de lae museler. Mais lae démonx qui savait aussi parler du ventre, s’écriait de plus en plus fort : « Délivre-moi ! Dépossède-moi ! »
La jeune femme n’en avait que faire. Mais les cris étaient si déchirants que le soleil ne voulait plus paraître dans cette région du monde ; les arbres dépérissaient ; les fleurs se défaisaient, et la pluie cessait également de tomber.
Un jour, une vieille magicienne vint à passer par là, près de la petite maison, et lorsqu’elle entendit les cris épouvantables de lae démonx, elle eut des larmes de pitié pour ellui.
Elle se rendit auprès de la jeune femme et lui dit : « Quels sont ces cris ? » La jeune femme répondit : « C’est mon ventre qui me cause bien des misères. »
La magicienne répondit : « Je connais la vérité. — Grand-mère, je t’en supplie, ne me dénonce pas aux autorités ! »
Et la magicienne, qui était rusée, répondit : « C’est pourtant ce que je vais faire. Et la prochaine fois, ne m’appelle plus grand-mère ; car je n’en suis pas une. »
Alors, la jeune femme se mit dans une épouvantable colère, une telle colère qu’elle partit détacher lae démonx.
Et lae démonx sortit plus terrible et plus terrifiantx que jamais. Mais la magicienne avait décampé depuis bien longtemps.
Comme iels étaient seulz l’ane face à l’autre, la jeune femme dit à lae démonx : « Tu es puissantx, mais je ne me laisserai pas dominer ni posséder par toi », ce à quoi lae démonx répondit : « Toi aussi, tu es puissante, mais je refuserai ton autorité désormais. »
Et à partir de ce jour, ni la jeune femme ni lae démonx ne chercha à posséder l’autre : iels vécurent dans une parfaite entente.