sans nom

à C.

je connais une rivière dont le secret m’échappe
son eau glisse entre mes mains n’y laissant
que le sillon du silence
un murmure

elle a des pas doux comme si elle marchait
avec des souliers de pénombre
aucun pont
pas de passeur non plus
la traverser la nommer on ne le peut pas
son eau ne s’apprivoise pas

parfois une éclaircie
un abîme de soleil je crois même
toujours
(cette lumière est de toujours)
la transperce
insolemment

quand tes yeux sont dans mes yeux
cette rivière existe indépendamment
de son nom

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