Une jeune fille fut un jour agressée par un homme inconnu. Il la viola, et partit. Et la jeune fille n’avait dit mot.
Elle se rendit auprès d’un médecin qui lui dit : « Te voilà sale maintenant ! Que ne t’es-tu défendue ? »
Et la jeune fille pensa : « Je suis sale. » Elle se lava plusieurs fois, mais cela ne servit à rien.
Elle se rendit auprès d’un prêtre qui lui dit : « Il te faut pardonner désormais. »
Et la jeune fille pensa : « Je dois pardonner désormais. » Elle essaya plusieurs fois de pardonner, mais chaque fois qu’elle essayait la rage montait en elle.
Une troisième fois, elle demanda de l’aide. Elle se rendit alors auprès d’une guérisseuse. La guérisseuse lui dit : « C’est le salaud qui t’a fait ça qui est sale, pas toi. »
Elle lui dit encore : « Et si tu te vengeais sur l’ombre de cet homme ? »
Et la jeune fille demanda : « Comment m’y prendrai-je ? Où trouverai-je l’ombre de cet homme ? » Alors, la guérisseuse lui tendit un crayon à ombre, et la jeune fille dessina avec une ombre. Elle dit :
« Voilà, j’ai réussi à tracer l’ombre de cet homme. »
Et la guérisseuse lui dit : « Combats-la désormais autant de fois que nécessaire. »
Alors, la jeune fille comprit. Elle combattit l’ombre soixante-dix-sept fois ; elle la redessinait chaque fois qu’elle l’avait vaincue. Et elle ne cessait de raconter son histoire. On la surnomma :
« celle qui a vaincu soixante-dix-sept ombres. »
Mais les ombres ne meurent pas et l’homme court toujours.