Je galope

Je galope, je galope
comme un cheval sans entrailles
– dans son ventre il n’y a que du vent.

Je galope et les gens me disent :
« Où vas-tu ? »
Je réponds : « Il fait nuit jusqu’au fond des fleurs ;
Le vide, je ne le supporte plus. »
On me répond : « Pourquoi ne pas t’attendre ? Peut-être te rencontreras-tu. »
Mais moi, je m’enfuis, l’esprit remué
comme le fond d’une casserole trop chaude.

Par pitié, laissez-moi revivre :
REVIVRE
coup de gong au cœur, morsure de vipère au talon,
parfum de peur.

Par pitié, laissez-moi renaître :
RENAÎTRE,
elle a le désir de renaître la personne qui le talon blessé
implore misérablement à la vie quelques coquilles de plus :
il faut plus de courage pour renaître
que pour mourir, pas vrai ?

Par pitié, laissez-moi retourner,
RETOURNER chez moi,
en retournant la peau du monde et des nuages ;
je ne regarderai ni devant ni derrière,
je regarderai en moi.

La mort sera le visage de la vie,
celui que l’on regarde dans les yeux avec sérieux ;
la vie sera les pieds de la mort,
ceux qui marchent d’un pas léger sur les chemins longés d’oliviers.

Mort et vie sont le même corps :
son cœur c’est le mystère  ;
il s’envole dès qu’on veut le saisir,
comme le merle à la fenêtre ou l’invisible au coin des yeux.

Le silence.

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