sur les plages d’europe
la mer
elle enfante la mort sur les plages d’europe
a-t-elle oublié
de caresser
les cheveux de la petite fille
aux yeux livides
la mer
elle enfante la mort sur les plages d’europe
a-t-elle oublié
de caresser
les cheveux de la petite fille
aux yeux livides
C’était un jour où l’ombre passait sur la maison.
Une enfant avala un oiseau.
Il se débattait dans son corps chaque jour.
Et elle, elle se tortillait, se cambrait, brisée, brûlée, folle et comme traversée par un mistral.
On dit d’elle : la bizarre, la lunatique, l’étrange, l’obscure, la possédée.
Un jour, elle se dit en elle-même : « Je leur dirai, je leur dirai. »
Elle ouvrit la bouche.
Et l’oiseau qui était libre, s’envola.
c’est dans une forêt
garde tes sous
ne me suis pas
une forêt très bleue
et noire
comme
quand
te retournes-tu
cherches-tu dans la muraille des
conifères
une issue
où prendre un peu d’air
encore
encore un peu
c’est dans une forêt
si sombre si sombre
qu’une larme
brillante
coule à peine sur ta joue
quand tu
espères un peu
encore un peu
sur ta joue fêlée
d’une petite étincelle
encore un peu un peu
comme
on devine sur la mousse odorante
la nuit qui monte
et monte
un pont
devant toi
il se cambre en sursaut
sur le lit
le lit où l’ombre est fraîche
de l’amoureuse
qui t’a quittée de l’amoureuse
d’hier
aux lèvres roses closes
hier encore
encore un peu
l’autre rive
des elfes gaies y dansent
des bizarres
des morceaux de l’arc-en-ciel
invisible
des mains froides comme
leurs yeux gibbeux
est-ce la joie
qui leur donne cette beauté
non
mais alors dis-tu
pourquoi sont-ils si beaux
iels dansent et leur cercle
se referme lentement lentement
iels te tendent la main
leurs chants pourtant s’éloignent
quand
le linge blanc coule
dans la rivière
où les lavandières
bercent
bercent
encore un peu
la lune n’est pas
tout à fait
prête
voici
le pavot les coquelicots
les digitales
les elfes parfument à demi-mot
ta face
avant le banquet
de terre de fruits très mûrs de boissons
douces
ne touche pas
les fleurs
et les jolis doigts de fée pourpres
leur sourire est fermé
quand il s’approche de tes yeux
il devient comme quand
et dans la nuit
passe
le cerf aux bois immenses
montre
montre les blessures
à larmes
inégales
ne sois pas indifférente
si le soir pouvait ne pas oublier
que je souffre
si la mésange pouvait
ne pas chanter
a-t-elle oublié la nuit
que la nuit viendra
viendra toujours
rappelle-moi
ce sang qui hurle à mon cœur
comme un chien errant à la porte
il a faim de colère
mes sœurs
nous souffrons
notre corps est enserré
dans la corde sans fin
rappelle-toi
cette corde
ne porte aucun nom
et personne ne sait
qui l’a nouée
chaque jour
à pieds joints
je saute par-dessus l’enfer
et une flaque d’eau toujours
troublée
et ma semelle trouée
et ma faim
et mon corps agressé
et ma colère
par-dessus la corde
nouée
je quitte terre
je plonge sans rappel
dans l’eau froide
très froide
celle qui veut pardonner
à la lumière de mon premier jour
d’être née
celle qui
essaye de renaître
parfois
j’ai crié
j’ai
tenté
quelque chose qui ressemble
à la vie
à
la vie et à
mais les silhouettes se referment ce soir
ma maison
je l’ai refermée aussi
il fait nuit
personne
n’a entendu mon cri
je crois qu’il n’y aura pas de mésange
à la fenêtre
ni de chien
ni rien d’autre
que les longs murs
les murs longs et droits et
tranquilles