fuyons
les entrailles froides du léviathan
je suis
le crachat d’un titan
sang qui nous tremble au corps
comme s’il avait mouillé nos mains
nénuphars et le regard
blanc comme mort
nuage
et la montagne est nue
sous nos peaux
un monstre
sous nos monstres
un visage
et les murs pèsent comme nos paupières
quand elles rêvent évasion
vision
bouche décousue
je n’ai plus de prison
je suis prison quand je cesse d’habiter
le monde
il y a des fruits plus pleins que des poings
dans les poings
il y a des bombes
seins qui tombent avec leurs ailes closes
leurs colombes
j’ai rêvé jusqu’à cheveux blancs
j’ai rêvé paix
et petits pas dans la neige
j’ai eu la bouche vive
un poisson
dans les eaux sans paix de mes veines
j’ai créé jusqu’à l’os
et jusqu’à
soif
j’ai dessiné le plan d’évasion
les ponts de nos gorges et sur les ponts
abattus
de leurs victimes
de leurs dictatures
et sur les rivières fuyantes
où la lune de l’impossible a bu
jusqu’à tomber
ivre
je l’ai promis mille fois
de te donner la terre
mais je n’ai pas décroché les chaînes
et mes mains
sur les murs de nos prisons
hurlent comme des loups
comme des ombres
un magma qui me monte à la gorge
est-ce un rire
est-ce un vêtement qui tombe
ou une larme
ou quelque chose de petit
comme une étoile
je veux amour
et je veux
un jour
quel avenir perdu a pleuré sur ma bouche
j’ai jeté le ballon tendre
rose
mes joues ont rougi
des pages des lettres
des choses qu’on ne dit pas
adieu enfant
car je blesse les chemins
les lèvres rouges
presque
la signature-cicatrice encore vivante du silence
demain paraît-il
ligne ouverte
as-tu cru que nos ombres marchent
quand nous sommes
au sol
il était une fois de jolies cigales
dans les bouches de nos cadavres
sur nos cendres
l’herbe a ouvert sa main verte
vent du matin
jusqu’à brise
jusqu’à
jusqu’à peut-être