fleuve de lait et de larmes
c’est ma naissance
j’ai bu à la gourde du désespoir
j’ai bu
cela avait un goût violent
comme si j’avais bu le démon
il est là dans mon sang
il fait des va-et-vient
entre mon cœur et mon dos
il n’attaque jamais face à face le cœur
il me prend par surprise toujours
je lui demande
que me veux-tu
il me répond
ma bien-aimée
je veux manger ton cœur tout nu
et moi je lui rétorque
fais fais mais laisse-moi
un peu de mon cœur
pour que je m’entende vivre
alors le diable me mange le cœur
entièrement
il ne laisse qu’un petit trou et y met
un grillon
il me dit
quand les beaux jours
reviendront
tu entendras ton âme chanter
maintenant le démon est parti
ou presque
moi j’attends toujours que l’été
revienne
car je sais qu’en moi
dans ce trou ce cœur absent
détruit
quelque chose se prépare à chanter