on a mangé l’enfant intérieur

dans le sable
nous avions construit un trou

nous l’appelions

porte

dans le parc

une voix me disait de quitter
la balançoire

c’était le soir

mais pour moi
le soir ne devait pas me trouver
– je me cachais

personne ne me trouvera

si je creuse dans le sable
au fond

je suis un personne

*

on a un coeur
il fait mal
comme le loup qui a mangé

on a mangé l’enfant intérieur

au temps d’autrefois

j’ai mangé un coeur
il n’est pas à moi

le temps de partir
le temps ne doit pas nous trouver

je ne comprenais pas la balançoire derrière nous
sans personne
qui continue à hésiter entre

*

je cours aussi fort que je peux
je veux même dépasser

un mur

le mur du son
le mur du mien

ne pas tomber dans l’étang immobile

de longs arbres noirs dans
l’eau dorée
comme nos jolis cils sous la pluie

ne pas plonger dans l’étang immobile

ne pas retourner comme une pierre la paupière

la terre les insectes cela fourmille c’est un soleil
sans lumière

*

mais ma montre n’a pas le droit de tricher
le temps ne doit pas nous compter

le temps presque immobile

au fond du parc sombre
un couloir d’effroi de froissements de feuillages

comme la gorge par où passe
un cri épais mais impossible à

moi non plus je n’ai pas entendu

*

le parc est vide – nous faisons nuit

dans le sable
et les traces de pas courent sans nous

comme quelqu’une quelqu’un court après quelqu’inconnaissable

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