et ce fut un silence

il était une fois un cyprès, très long et très obscur. il se tenait toujours droit. et son ombre le soir, recouvrait une tombe. et cette tombe était verte, couverte de mois de mars et de brise légère : personne ne s’y penchait, excepté les primevères et les pluies.

un soir, une femme vint. les yeux lourds, elle s’assit.

ce fut un silence.

elle revint le lendemain, avec une veste à moitié mouillée par l’averse.

à l’ombre du cyprès, elle murmura : « de quel côté du vent la porte est-elle ouverte ? »

le cyprès répondit : « de quel côté est le visage d’un oiseau ? »

elle dit : « là-bas, au printemps. »

et ce fut un silence.

le lendemain, elle était là, avec ses mains un peu serrées.

elle dit : « de quel côté du vent la porte est-elle ouverte ? »

le cyprès répondit : « de quel côté dort l’eau qui dort ? »

elle dit : « peut-être jamais. »

et ce fut un silence.

et le lendemain, elle était là, avec ses épaules presque closes.

elle demanda : « de quel côté du vent la porte est-elle ouverte ? »

le cyprès répondit : « et toi, de quel côté ? »

elle dit : « côté pile à l’heure, côté face à face : je perds. »

la nuit tombait, très longue et très obscure. le cyprès était toujours droit parmi les tombes vertes, les primevères, les primevères de mars, et ce fut un silence.

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