égal

c’est égal
mourir est un verbe long

comme un jardin il sculpte extrait
le violet entrelac
de la désétreinte

indéfinit les frontières

flux
lumière renoncules odeur
parfum et fin durent
imparfaitement

tu n’auras qu’effleuré

(une fleur se tisse intestinement
dans la boue)

dans la ville
pourquoi les statues sont-elles debout

ici c’est le lit les parterres sauvages
les rêves
de la matière aquarelle qui veille
longuement allongée
plus que la pensée haute

non-sublime

c’est subliminal comme la lime
des insectes activement
horlogers

mais irréguliers

(grumeleusement)

la chair creuse édente
dentelle

s’épure comme une liqueur

lichen
liquide entrouvert
lac
mangé par les vagues sans graisse
être vague
c’est rayer
être la marge d’une marge

fleurir dévisagement

vagues vagues propriétés
dans cette usine de fluides
tout travaille
mais

il n’y a personne pour dire
c’est mien

(c’est)

rose poreuse un corps peut-il être

gratuit

à la trame horizontalisée
anarchique
figuration sans figure
des mouvements sans le pas unique

du temps
de la mesure
de cette musique orchestrée
inventée (pour ne pas entendre

comme là-dessous c’est palpitant)

il y a des danses macabres
même sans se lever

des marbres vibrants de viandes étranges

les monotonies abattues

l’asticot divers

masses intimes
désorganiquement vivantes

des faims des démangeaisons
des mangeuses
urgentes
ardences
denses

danser

(la danse ronde

si ta main vivante savait
que ses doigts sont mêlés
à nos
mains sans saisie

/ cessation)

grouillements failles où l’ordre du cœur
immobile en lui-même
cesse sa souveraineté

quelle levure quel magma velu
et inquiet
autonome mais incohérent
s’agite pourtant

la peau comme un orgasme distendu
soleil

profond

le corps quitte la prison
quitte la peau nerveuse
omnisciente
surveillante

les yeux de ma peau

il n’y a pas d’âme autre
que ce corps corail de lèvres bleues
où l’épiderme océanique
se mêle
amoureusement à la couleur

le murmure de l’humus
soyeusement
fossoyeusement

tendrement

quand tu fermeras mes yeux
sous la terre

la convulsion révulsion

et révolution de ces fouillis
d’errante chair

éclore ouvrir en bas

si tu entendais mon bruit nos orgues
ma vitesse patiente
les soulèvements

si tu retournais la terre

(ce n’est pas qu’un environnement
un destin de verdure un paysage
un tableau
c’est personne

c’est

c’)

et les innombrables décorps de nous

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