imagine que ton corps est un filet
un filet qui a capturé avant toi
autrefois
des poissons d’or
ils hurlent
des cris d’abysse
ils pressent
quand le filet de tes poumons
abandonne
ils pourchassent leurs propres yeux
comme un joyau suspendu
dans les ténèbres
hé crient-ils
qu’il brûle le soleil qu’il brûle
quand il ne brille pas
imagine que ton corps est un nœud
un nœud sombre comme la dernière vague
là-bas avant la nuit
ton œil est dénoué quand il regarde
l’ombre
est-il permis à la rame de briser
toutes les étoiles dans l’eau noire
imagine que ton corps est une carte
elle a été dessinée il y a longtemps
mais le territoire précède
le papier tendre et frémissant
du mouvement de tes veines
le fleuve épais de ta peau
et de tes nerfs
tout revient à la mer
et la mer est un pays
un pays
qui rêve cent fois par instant
de sa forme
parce qu’elle est libre – n’aie pas peur
lâche cela
le parfum la poussière existent dans le vent
avant la chair de tes mains