montre
montre
montre les blessures
à larmes
inégales
ne sois pas indifférente
si le soir pouvait ne pas oublier
que je souffre
si la mésange pouvait
ne pas chanter
a-t-elle oublié la nuit
que la nuit viendra
viendra toujours
rappelle-moi
ce sang qui hurle à mon cœur
comme un chien errant à la porte
il a faim de colère
mes sœurs
nous souffrons
notre corps est enserré
dans la corde sans fin
rappelle-toi
cette corde
ne porte aucun nom
et personne ne sait
qui l’a nouée
chaque jour
à pieds joints
je saute par-dessus l’enfer
et une flaque d’eau toujours
troublée
et ma semelle trouée
et ma faim
et mon corps agressé
et ma colère
par-dessus la corde
nouée
je quitte terre
je plonge sans rappel
dans l’eau froide
très froide
celle qui veut pardonner
à la lumière de mon premier jour
d’être née
celle qui
essaye de renaître
parfois
j’ai crié
j’ai
tenté
quelque chose qui ressemble
à la vie
à
la vie et à
mais les silhouettes se referment ce soir
ma maison
je l’ai refermée aussi
il fait nuit
personne
n’a entendu mon cri
je crois qu’il n’y aura pas de mésange
à la fenêtre
ni de chien
ni rien d’autre
que les longs murs
les murs longs et droits et
tranquilles