À L.
J’ai senti sur ma peau les lames pleurantes de ton absence.
Il y avait dans le ciel le silence des oiseaux égarés,
de ceux qui ne trouvent plus leur ombre sur la terre.
Je t’ai cherchée par-delà la tresse coupée de l’horizon ;
je t’ai cherchée par-delà les montagnes et les traces de semelle
que laisse le brouillard sur les escaliers flous du paradis.
Où es-tu ? Es-tu là quand le jour étranger à lui-même
et proche du sommeil, ferme sa paupière de lumière ?
Es-tu là quand les hirondelles de mes mains
partent à la recherche des printemps perdus ?
Ton absence est semblable à la chair de la nuit,
et je me suis coupé les mains sur les tessons des astres
en tentant de saisir le visage lointain de tes yeux.